Le bootstrapping
Financer sa startup avec (presque) rien
Vous n’avez pas une cenne ? Ça tombe bien ! Vous n’avez rien à perdre !
Vous avez votre MVP. Vous avez récolté un peu de rétroaction sur votre offre. Ça s’enligne vraiment bien pour la suite. Mais, oups, il vous manque d’argent pour continuer à avancer.
On a de bonnes nouvelles pour vous.
Partir avec rien. C’est possible.
Construire son entreprise à partir d’un peu ou pas du tout d’argent ou de support. Avec comme principale source de revenus vos premières ventes.
Bref, avec les moyens du bord, à votre propre vitesse, selon votre engagement.
Bootstrapper son entreprise
Faites des ventes avant de faire votre produit, pas l’inverse.
Pour la petite histoire, l’utilisation de ce mot-là viendrait d’une expression du 19e siècle : « to pull oneself up by one's bootstraps ».
C’est ensuite devenu une métaphore pour souligner l’atteinte d’un exploit sans aucune assistance.
Aujourd’hui, quand on parle de bootstrapping, c’est souvent étendu à tout ce qui ressemble à de l’argent et qui ne vient pas des capitaux de risque, des anges investisseurs ou du sociofinancement. Ça peut être, par exemple :
- vos économies ou le love money
Faites quand même attention avec ce genre d’argent là. On vous l’a dit dans l’article précédent, mais faut se fixer des limites quand l’argent, c’est le vôtre ou celui de votre famille. Investir dans sa propre entreprise, ça montre que vous croyez au projet, mais (trop) s’endetter pour ça comporte pas mal de risques.
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Ne négligez jamais ces genres de sources de financement.
Gagner des concours qui sont vraiment estimés dans votre industrie, c’est une belle façon d’être visible et d’obtenir de la notoriété.
Un exemple ? vous venez d’en lire un.
Par contre, si vous évaluez vos chances de réussite à 5%, on pense que les 100 heures de votre temps investies pour 25 000 $ ne valent pas la peine. Mais si vos chances se situent plutôt à 20%, là par exemple, les 80-100 heures à mettre pour aller chercher le montant sont avantageuses.
Un conseil. Prenez le temps de peser les pours et les contres. D’évaluer si, oui ou non, le fait de sacrifier de votre temps pour participer à des concours plutôt que de développer votre projet vaut la chandelle.
N’oubliez pas de considérez dans vos calculs :
- Le temps
- La visibilité acquise après avoir remporté un concours
- La valeur de l’expérience acquise pendant le processus (pratiquer son pitch, approfondir la conaissance de son entreprise, de son marché, sans compter le fait d’être challengés)
Si après avoir cumulé vos arguments votre réponse est non, dans ce cas, c’est clair que votre énergie est toujours mieux investie dans le développement de votre idée. Les prix, bourses et subventions sont des nice to have, mais vous ne pourrez jamais vivre de ce genre d’argent. Gardez toujours en tête que ce ne sont pas des revenus.
Bref, au risque de se répéter, on pense que des fois ça en vaut la peine, d'autres fois non.
Si vous optez pour le bootstrapping, vous devrez réellement miser sur des façons d’obtenir des vrais revenus :
- les clients pilotes qui acceptent de payer plus ou moins 70 % du prix que vous allez demander avant même que votre offre devienne disponible
- les ventes, une fois que votre MVP est prêt
- les préventes avant que votre offre soit disponible pour vrai
Cela peut sembler bête, mais l'argent de vos premières ventes, et de vos préventes si vous avez réussi à vendre un futur produit, devrait faire partie des premières options vers lesquelles vous vous tournez. En mode bootstraping, vous devrez rapidement compter sur vos revenus générés pour financer votre croissance.
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Pourquoi s’autofinancer ?
Pour plusieurs bonnes raisons.
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Financer votre startup de cette façon vous permet de rester entièrement indépendants. C’est vous qui prenez les décisions, les petites comme les grosses.
Pour la fondatrice de Kotmo, Céline Juppeau, ça ne fait pas de sens de confier les décisions stratégiques à des investisseurs.
Ce sont des personnes qui ne vont pas nécessairement sur le terrain pour voir la chaîne de production, pour voir comment vont les ventes ou encore comment se passent les interactions avec les clients.
Dans le fond, autofinancer son entreprise implique que vous n’avez pas besoin de de consulter vos investisseurs. Ça évite que la dynamique soit minée par des jeux de pouvoir entre vous et vos investisseurs. Par contre, ça diminue le feedback que vous auriez pu avoir avant de prendre votre décision.
Bref, c’est votre projet et vous en restez les maîtres.
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Quand le seul argent que vous avez pour faire croître votre entreprise est celui généré par vos ventes, ça peut faire en sorte que vous avancez moins vite. L’ascension est plus lente, mais, nous on pense qu’elle est plus durable.
En bootstrappant votre entreprise, c’est un peu comme si, pour vous rendre à un endroit X vous partiez en roadtrip plutôt qu’en avion. Ça va prendre du temps. L’avantage c’est que vous pouvez expérimenter de nouvelles routes, apprendre, vous arrêter en chemin, ajuster votre vitesse, et peut-être même changer de destination. C’est vous les maîtres, vous êtes seuls derrière le volant.
En d’autres mots, l’avantage de la lenteur, c’est que vous pouvez tester par exemple les différents features de votre offre ou votre modèle d’affaires, voire même votre clientèle. Vous pouvez vous planter, mais au moins, c’est par petits coups.
Ça vous donne aussi le temps d’être créatifs, de trouver de nouvelles façons de régler des problèmes complexes sans que ça ait un impact trop important sur vos revenus et votre brand.
Seul down side, c’est que vous allez devoir accepter qu’il faudra probablement attendre plus longtemps avant de vous payer.
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Les leçons apprises tout au long du parcours valent la peine.
Par exemple, gérer son propre argent augmente la pression de bien faire les choses (pas facile regarder son argent fondre dans son compte). Clairement, se péter la gueule et en être les seuls responsables font en sorte que vous apprenez bien plus vite des erreurs que vous faites.
Être les seules personnes sur lesquelles votre entreprise repose vous fait prendre conscience de tous les efforts nécessaires pour se rendre jusqu’où vous en êtes. De ce que vaut chaque dollar gagné et chaque consommateur conquis.
Bref, vous ne pouvez compter que sur vous — votre argent et vos skills.
C’est peut-être un mindset de survie, mais vous avancez toujours avec un peu plus de connaissances et de compétences que si vous aviez regardé le spectacle se dérouler devant vos yeux.
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Comme on l’a déjà dit, monter son entreprise avec ce modèle-là de financement permet aux entrepreneurs d’avancer à leur rythme.
Ça fait en sorte que vous pouvez prendre soin de vous, avoir un équilibre de vie et de saines habitudes. Rappelez-vous que vous êtes ce qui importe le plus.
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C’est un modèle de financement fait pour les entrepreneurs qui, à la base, veulent rester dans leur entreprise et la faire avancer, pas la vendre.
Une fois que vos opérations fonctionnent bien, vous pouvez envisager d’autres types de financement, peut-être plus traditionnels, pour vous aider à faire croître votre entreprise.
Comment faire ?
En premier, trouvez une idée pour laquelle les gens sont prêts à payer tout de suite. Une solution qui règle un vrai problème. Même si ce n’est pas votre idée « ultime ». Ça peut être par exemple offrir un service qui vous permet de faire des revenus et qui ultimement vont pouvoir financer le développement de votre idée.
Après ça, validez votre idée. Parlez-en. Aller chercher de la rétroaction. Et faites vos premières ventes.
À c’t’heure, si vous voulez avoir une entreprise qui vit sur l’argent qu’elle génère, ne faites surtout pas de niaiseries avec votre argent. Agissez de manière lean. Validez des petites étapes, une après l’autre. Apprenez à gérer vos finances.
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L’histoire de Lexya et de Polymorph Games n’est pas unique. Plus de 80 % des startups se financent en bootstrappant.
Et c’est pas juste par manque d’options, mais aussi par choix.
On ne vous cachera pas que dans l’équipe d’Apollo13, c’est le modèle de startup qu’on encourage.
Mais ça peut ne pas convenir à tout le monde.
On pense que chaque entrepreneur a son style. Que le « comment » du financement de votre business fait partie des choix que vous devrez faire en respectant votre vision.
Pour savoir si votre équipe est faite pour bootstrapper, allez donc lire notre prochain article et comparer les autres modes de financement.
- les concours, bourses et subventions
On vous suggère de commencer par ratisser au niveau régional. Regardez ensuite les options au provincial puis finalement au fédéral.
Heureusement pour vous, il y a des organismes comme InfoEntrepreneurs que vous pouvez contacter — ils sont bien fins et bien aidants vous allez voir. Ils vous permettent de concentrer vos efforts aux bons endroits et perdre moins de temps dans la recherche de financement.
Il y a aussi d’autres ressources que vous pouvez consulter et qui sont mises à jour constamment. 👉
Rester en contrôle total de votre business
Expérimenter plus, plus, plus
Apprendre
Pouvoir prendre du temps pour soi
Exister sur le long terme
Un exemple
Les gars de Polymorph Games et leur jeu Foundation à travers lequel il est possible de bâtir des villes médiévales fictives selon votre fil narratif.
Développer un jeu vidéo est très long, et nécessite l’implication de beaucoup de gens de talent avec des expertises diverses. Il faut donc beaucoup d’argent pour financer son développement jusqu’à sa commercialisation. La game est très différentes entre les petits studios en mode startup et les grands studios internationaux qui ont la capacité de facilement financer leurs jeux.
C’est pour ça qu’avant de se lancer en affaires, les gars de Polymorph Games se sont construit un réseau de contacts solide. Cela leur a permis de faire des contrats de programmation à temps partiel.
Ce n’était pas ça qu’on avait envie de faire, mais on n’avait pas le choix. On savait que c’était temporaire.
En fonctionnant de cette façon-là, ils ont commencé à ramener des revenus dans leur entreprise et ont pu se concentrer sur le développement de leur jeu Foundation l’autre moitié du temps.
Ce qui a vraiment été l’élément déclencheur pour eux, c’est quand en 2017 ils ont gagné le concours du programme Catapulte. La reconnaissance de leur jeu par un jury callé dans le domaine les a mis sur la map.
Ils ont ensuite pu faire une première démo publique de leur jeu aux Gamescom en Allemagne, l’événement le plus important des jeux interactifs au monde. Leur présence à cet événement leur a donné de la crédibilité et de la visibilité.
En 2018 ils ont ensuite lancé leur campagne de sociofinancement. Encore une fois, cette étape leur a permis d’aller chercher de l’argent pour faire avancer leur jeu, et en même temps la validation de leurs utilisateurs. Plusieurs gaming Youtubeurs ont parlé du jeu à leur audience, élargissant les canaux d’acquisition de la boîte indépendante de jeux.
Peu après, au début de l’année 2019, ils ont pu mettre leur jeu sur Steam puis vendre rapidement 100 000 copies du jeu.
Un exemple
Les gars de Lexya, une plateforme de vente en ligne pour les livres au cégep et à l’université
Au début, quand ils ont commencé à travailler sur leur idée, les gars de Lexya étaient temps plein à l’université, s’impliquaient dans des activités parascolaires et travaillaient des heures par la bande. Leur mince disponibilité a fait en sorte que le bootstrapping était la meilleure solution.
Une croissance peut-être plus lente, mais beaucoup plus de marge de manœuvre.
Les gars pouvaient mettre le temps qu’ils voulaient dans leur business dans se mettre trop de pression et crouler sous l’angoisse.
Quand ils ont rencontré leurs clients potentiels, ils ont présenté leur idée et montré les maquettes qu’ils avaient sur papier. Les universités qui ont dit oui ont promis de payer. Ça allait faire de ces universités les premiers utilisateurs de Lexya.
L’un des éléments le plus importants, c’est que ça allait en faire des utilisateurs engagés, parce que directement impliqués financièrement dans le développement de la plateforme. Des utilisateurs engagés, mais pas contrôlants. Juste de la bonne rétroaction de qualité.
Tout ça pour dire que Jean-Michel et Marc-Antoine ont réussi à monter leur entreprise avec rien. Juste des maquettes imprimées sur des feuilles de papier. Avec la vente d’un genre de licence, ils ont pu bâtir leur plateforme, et partir avec une très grande base d’étudiants-utilisateurs potentiels.
Ils ont ensuite commencé à générer des ventes de livres et de nouveaux revenus ont commencé à rentrer dans leurs coffres.
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